Korczak s'adresse aux mamans
Attendre quoi ?
« Demain, il marchera : il se cognera contre des chaises. Il parlera aussi : moulin à paroles, il répétera sans cesse les mots de la banalité quotidienne.
« En quoi cet aujourd'hui de notre enfant est-il moins précieux que son demain ?
« Si c'est de difficultés qu'il s'agit, demain, il y en aura davantage. »
Attendre pourquoi ?
« Quand enfin, ce demain tant attendu arrive, nous pensons déjà à la prochaine étape. Ainsi l’enfant n'est pas, mais sera ; ne sait pas, mais saura ; ne peut pas, mais pourra.
« C'est la moitié de l’humanité que nous condamnons à la non-existence : sa vie n'est pour nous qu'un jeu, ses aspirations, naïves ; ses sentiments, passagers ; ses opinions, dérisoires. »
Frileux, passifs et névrosés
« De crainte de voir la mort nous arracher notre enfant, nous l’arrachons à la vie ; pour ne pas le laisser mourir, nous ne le laissons pas vivre.
« Élevés dans l’attente passive et démoralisante de ce qui sera, nous nous pressons toujours vers un avenir enchanteur. Paresseux, nous ne voulons pas nous donner de la peine de chercher de la beauté dans le jour d’aujourd’hui, ne pensant qu’à nous préparer à ces lendemains qui chantent et qui, seuls, nous inspirent. Qu’est-ce donc que nos éternels : — « Ah, s’il pouvait déjà marcher ou parler… » sinon qu’une pure hystérie de l’attente ? »