Initiatives, réalisations, démarches korczakiennes
Sciemment parfois, ou le plus souvent au contraire comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, leur décision d’accueillir et de soutenir les enfants les ont amenés à produire des démarches qu’on pourrait peut-être qualifier de korczakienne. S'il s'avère, comme il nous a semblé, que ces démarches sont bien fondées sur le respect de l’enfant, l’empathie et la mise en application effective des droits actifs de l’enfant, hors de toute idéologie et prosélytisme, et que leurs animateurs s’y impliquent personnellement, peut-être pourraient-ils être un jour les candidats nominés à un éventuel prestigieux Prix Janusz Korczak ! (Qui sait ?).
Korczak n’était pas un gourou, ce qui compte c’est de poursuivre son action…, et pour nous d’encourager ceux qui se jettent à l’eau. Voici une toute petite sélection issue de rencontres réelles ou seulement sur le Net.
- Barefoot College : Le Parlement des enfants du Rajasthan
- Banlieue de Bordeaux : l'Association Quartier sans cible
- À Paris : le Cafézoïde, le premier Café culturel des Enfants
- Au Népal : Chandrodaya avec les enfants des rues
- En Chine : les Enfants du Ningxia
- En RDC, au Nord-Kivu : la voix des Enfants par Children's Voice
Avec les enfants des villes
- Association Quartier sans cible
- Pascal Dubernet a une formation de travailleur social. Il a travaillé durant des années dans des Centres Sociaux. Aujourd'hui Il occupe un poste d'attaché territorial comme directeur d'un service d'éducation au sein d'une collectivité territoriale de la région bordelaise. Spécialiste des problématiques urbaines, il se réfère à l’œuvre de Janusz Korczak…
- Le but principal déclaré de son association étant de « montrer une image positive de la banlieue », c''est avec plaisir que nous lui prodiguons nos plus vifs encouragements.
- Le Cafézoïde, à Paris 19e
- Le Cafézoïde est un concept nouveau. C'est un espace de liberté et un espace culturel pour les enfants et leurs familles permettant de rompre l'isolement, de soutenir la citoyenneté et la créativité, de partager et d'inventer la vie microlocale…
- Café des enfants et des jeunes de moins de 16 ans, il leur propose des possibilités de rencontre à l'échelle de leur quartier, et la valorisation ensuite de leurs contributions au bien-vivre de leur arrondissement.
- Le Cafézoïde mobilise l'ensemble des acteurs, enfants, parents, artistes, personnes ressources, associations, institutions, autour d'un service de proximité en les associant à l'élaboration et à l'évaluation. C'est avant tout un projet de dynamisation sociale, avec un accueil étudié pour les enfants de tous âges, bébés compris.
- Anne-Marie Rodenas, la fondatrice et la directrice du projet anime une équipe salariée de six personnes. Le subventionnement du lieu (partenaires multiples) permet de garantir l'accès des enfants au Cafézoïde et à ses nombreuses activités à un prix très modique ou symbolique. Une inscription est en effet demandée aux parents au titre d'une adhésion à l'année, et les boissons sont facturées 1 euro. Mais on peut aussi payer par des services rendus…
- Nous recommandons chaleureusement ce lieu, qui met en pratique les droits actifs des enfants et qui leur offre un espace de liberté adapté, dans le cadre d'un vrai café avec un comptoir, des jeux, des spectacles, des coins de causerie, des rencontres avec des personnages fantastiques ou quotidiens des idées de sortie, des évènements, des projets individuels et collectifs.
- Le 21 mai 2005, une délégation des associations Korczak française, allemande et polonaise, est venue sur place visiter le Cafézoïde et rencontrer son équipe. Le 28 mai, notre association a soutenu activement leur manifestation intitulée « La rue aux enfants », en réalisant le journal des enfants et la galerie de dessins des droits de l'enfant exposés sur ce site. Le 23 novembre 2005, les enfants et leur équipe ont fêté le troisième anniversaire de l'ouverture du Cafézoïde et, à cette occasion, ils ont reçu la visite du … petit roi Mathias Ier.
- L'AFJK soutient aussi dans un autre projet « zoïde », potentiellement très korczakien :
La création d'un microlabel « Ami des enfants »
- Il s'agirait d'une déclinaison microlocale du label « Ville amie des enfants » de l'UNICEF, dont nous suivons déjà avec intérêt la diffusion en France à l'initiative de son énergique responsable au Comité du Comité français pour l'UNICEF, Mélusine Harlé, que nous avons récemment rencontré.
- Dans leur quartier, les enfants et les jeunes adolescents (réunis ici au Cafézoïde) pourraient repérer sur leurs trajets habituels tous les lieux où ils sont certains d'être bien accueillis : commerces, cours d'immeubles, institutions, tant sur le plan de l'espace qui leur est attribué que pour la qualité de la présence des adultes y travaillant (propriétaires ou gardiens). Ils désigneraient publiquement ces lieux avec ce label, engageant en même temps les adultes à y prêter plus d'attention.
- Les enfants préparent en atelier le logo de
ce futur label et ils réfléchissent à ses critères
d'application. Une exposition des maquettes réalisées puis
la réunion d'une assemblée des enfants devraient permettre
ensuite d'arrêter les décisions et de les présenter
au public. (Une belle idée, mais un processus qui risque de
prendre du temps…).
- Cafézoïde
Anne-Marie Rodenas, directrice
92 bis quai de la Loire, Paris 19e
Tél. 01 42 38 26 37
Ouvert de 10 à 19 heures du mercredi au dimanche
(les jours fériés aussi sauf si précision)
Avec Anne-Marie, David, Mathieu, Sébastien, Maristella, William… et les autres.
- Cafézoïde
un beau travail malheureusement complètement abandonné depuis 2004 ;
le site officiel est bien celui-là….
Avec les enfants des rues
- Au Népal, CHANDRODAYA
- « CPCS-Chandrodaya travaille dans les rues de Katmandou, avec elle et avec le millier d'enfants qui y vivent, souffrent et travaillent… Travaillant pour l'enfant mais aussi AVEC l'enfant, nous nous sentons proches de l'œuvre de Korczak… » nous écrit Jean-Christophe RYCKMANS, le directeur du réseau Chandrodaya qui regroupe les organisations népalaises Chandrodaya Shelter et CPCS dont les programmes parviennent à aider près de 90 % des enfants des rues de la capitale du Népal.
- Comme dans les orphelinats polonais pilotes de Janusz Korczak, Chandrodaya pratique la cogestion et la participation active des enfants, tant dans ses trois orphelinats pour favoriser la bonne intégration que pour ses programmes pédagogiques et culturels. Citations :
- « Nous tentons de proposer aux enfants travailleurs et des rues (ramasseurs de plastique, mendiants, vendeurs de journaux…) une perspective sociale… les intégrants et les respectant comme personnes humaines, libres de leurs destins mais censés bénéficier d’un minimum de droits (à l’éducation, aux soins médicaux, sanitaires, à une protection juridique…). Notre équipe compte à présent plus de 90 travailleurs salariés plein-temps et quelques « part temps » ou conseillers. Elle se compose d’éducateurs, travailleurs de terrains, professeurs, infirmières, docteurs, psychologues, gardes de sécurité, comptables, avocats. Fidèles à nos convictions, nous avons intégré plus d'une quarantaine d’anciens jeunes des rues dans l’équipe et à tout niveau de pouvoir… » (Lettre d'information, 7 décembre 2004, PDF 129 Ko, 4 pages).
- « Nous sommes une organisation très jeune, et nous débrouillons sans beaucoup de bagage… avec le cœur… Quand on pense qu'un personnage comme Korczak, il y a temps d'années, décrivait en partie ce que l'on pense et fait, ici au Népal avec les bambins des rues… - Bien à vous, Ryckmans J. » (E-mail, 8 décembre 2004).
- « Les principes que nous défendons
sont en effet très semblables… Chandrodaya avant d’être
un système, des refuges… est avant tout une façon
de penser et d’agir… une façon de concevoir l’enfant
des rues comme un être humain digne de respect mais aussi soumis
a des responsabilités comme tout être social… L’enfant
chez nous est acteur de son système et c’est, je crois
ce qui fonde nos réussites (bien trop rares mais soit). Les
institutions ou ONGs ici ont tendance à considérer le
gosse comme un assisté, un récipient dans lequel on vide
pêlemêle, nourriture, valeurs, vêtements… Nous
croyons au contraire qu’il faut renforcer et mettre en avant
l’incroyable capacité de l’enfant a se prendre en
charge… lui donner les outils nécessaires pour qu’il
se construise lui même… d’où les refuges,
les activités éducatives, sportives, culturelles… tout
en général marche en auto-organisation… - Bien à vous,
Ryckmans J. » (E-mail, 19 mars 2004)
- Pour toutes ces raisons, nous vous invitons à aider financièrement l'équipe et les enfants de Chandrodaya qui ont besoin de vos dons (via un compte bancaire en Belgique, selon modalités sur leur site ou sur la lettre d'info susmentionnée).
- Les enfants peuvent leur envoyer des cartes postales.
Chandrodaya - G.P.O. Box 8975
EPC 5173, Dillibazar, Katmandou, Nepal
Phone : 00977-1-4414394 / 4429897
- Le Parlement des enfants du Rajasthan
- Réalisation Thomas Uhlmann et Anja Freyhoff, Allemagne, 2004, 52mn, coproduction : ARTE, WDR, Medienkontor, ARTE G.E.I.E, vu sur ARTE le 26 mai 2007 dans l'émission : 360°- GÉO.
- Les connaisseurs de Janusz Korczak et ses héritiers du mouvement Korczak ont eu le grand plaisir de découvrir ce reportage décrivant l'histoire et les activités de ce parlement des enfants du Rajasthan, un état déshérité du nord de l'Inde.
- Ce parlement des enfants n'est pas un gadget. Articulé autour de la vie de la jeune bergère Neraj Jat, âgée de 13 ans, élue ministre de l'agriculture et de l'élevage, ce documentaire très réussi nous en explique le fonctionnement.
- Une ONG locale « Barefoot College », fondée en 1972 avec le soutien de l’Unesco est à l'origine de la création de cent cinquante écoles du soir, seul moyen de scolarisation dans cette société traditionnelle ou femmes et enfants travaillent la journée. C’est dans le cadre de ces écoles, qui accueillent aujourd'hui trois mille élèves, qu’a été lancé avec un succès confirmé le projet de Parlement des enfants. Son objectif visait à sensibiliser les enfants à la possibilité de s'organiser eux-mêmes pour développer les projets leur étant le plus utile, les cours du soir et maintenant l'adduction d'eau face aux sécheresses répétées. Pour les enfants, il est une école de la démocratie et de la tolérance et une vraie chance d'émancipation personnelle.
- Le Parlement des enfants du Rajasthan est financé par l'ONG Barefoot College (tournée d'inspection des ministres dans les cours du soir, qui ont le pouvoir de renvoyer les instituteurs faillant à leur mission, transports des enfants et organisation des réunions, etc.). Il s'agit d'une institution exceptionnelle, puisant son inspiration dans l'œuvre du Mahatma Ghandi et dont le modèle de développement fait maintenant florès en Inde : c'est le seul collège de l’Inde rurale fondé et dirigé par les pauvres pour les pauvres, bénéficiaire et lauréat du Prix Alcan 2006 (explications en français). On s'en réjouit, le développement des parlements d'enfants semble bien désormais à l'ordre du jour en Inde pour le plus grand bénéfice de tous.
- L'Association des Enfants du Ningxia
- [Trouvé sur un blog] « Lorsque la mère de Ma Yan a confié une lettre et le journal intime de sa fille de 14 ans à un journaliste français au début de l’année 2002, elle ne se doutait pas qu’elle allait transformer la vie de sa famille et de dizaines d’enfants chinois de la province reculée du Ningxia, dans le nord-ouest du pays. » Ou : comment parvenir à aider les gens quand on veut (et qu'on est capable de s'impliquer hors de son cadre douillet) et un grand coup de chapeau à Pierre Haski, journaliste à Libération.