Voir aussi : Le parcours d'un pupille | Le témoignage d'un pupille
Les dispositifs éducatifs korczakiens
Pour citer cet article
Joseph Arnon, éducateur de Korczak est resté un éducateur toute sa vie. Après la guerre, il s'est attaché à faire mieux connaître et comprendre le projet éducatif de Janusz Korczak et sa démarche. En français, il nous avait laissé tout d'abord une mémorable conférence donnée en 1977 au premier colloque international sur Korczak organisé à Paris, au siège de l’UNESCO ; et c'est beaucoup plus tard que nous avons pu lire son ouvrage publié aux États-Unis et en Israël : Who was Janusz Korczak ? (cf. source).
L’expérience professionnelle de l’auteur et sa pratique des institutions éducatives les plus évoluées, ajoutent à son témoignage une capacité d’analyse et un regard critique peu courant, fort utile à l’étude de l’uvre de Janusz Korczak. Ce sont des extraits de ces deux textes précieux que nous avons réunis pour vous dans l’article ci-dessous.
« Les enfants de l’orphelinat venaient de taudis, de mères prostituées, des milieux les plus durs et les plus humiliants. [ ] On doit rappeler qu’à cette époque, en Pologne (et particulièrement à la fin de la première guerre mondiale), les orphelinats étaient remplis de jeunes socialement « perdus », vivant en conflit permanent avec les normes établies. [ ] Ces enfants, en règle générale se montraient allergiques à toute forme d’autorité. [ ] Derrière ces méthodes [de Janusz Korczak], il y avait la détermination de resocialiser les enfants entrés dans sa maison. La plupart de ces enfants présentaient des troubles du comportement. Janusz Korczak cherchait à les réinsérer en organisant un mode de vie et des règles de discipline originales qui pourraient leur apprendre de nouvelles valeurs et leur redonner confiance en eux. [ ] Janusz Korczak expliquait que la relation adulte-enfant ne doit pas se manifester de façon autoritaire mais qu'elle doit se mettre en place sur la base d’une compréhension mutuelle. [ ] Dans sa volonté de créer les conditions nécessaires pour une « enfance heureuse », il s’opposait aux pseudo-éducateurs qui font seulement semblant de s’intéresser aux enfants. « Faites attention : un nouveau type de tyran arrive… Voici le requin aux dents longues avec ses idées arrêtées : condescendance envers les plus faibles, démonstrations spectaculaires de respect envers les personnes âgées, ses discours sur l’égalité de droits entre homme et femme, sa gentillesse feinte pour les enfants Tout ceci n’est que prétexte et hypocrisie » disait Korczak. « [Il prônait un] système dans lequel les enfants et les adultes se trouvaient à égalité de droit [ ] Mais il tenait à ce que les enfants restent toujours capables, quels que soient leurs sentiments et les circonstances, de respecter l’adulte. |
[ ] Le système pédagogique de Janusz Korczak reconnaissait des différences de hiérarchie entre les enfants. Il y avait des enfants plus ou moins privilégiés. Mais ces privilèges résultaient des contributions des enfants au travail de l’orphelinat, de leur dévouement pour les autres et découlaient de l’exemple personnel donné. Ce n’était pas une « élite » fondée sur la force [ ] mais une société communautaire dans laquelle les enfants plus âgés étaient des modèles pour les plus jeunes. Les anciens de l’institution enseignaient aux nouveaux les principes moraux qui régissaient la société. Janusz Korczak voyait dans l’orphelinat une institution évolutive. Il n’avait pas fixé de finalité politique à laquelle il voulait amener les enfants. Il voulait seulement rendre aux orphelins ce que le destin leur avait volé : une enfance heureuse. L’autogestion assumée par les enfants n’impliquait pas une tyrannie de la force mais était au contraire, un moyen d’éducation. Pas d’obéissance aveugle à des lois incomprises des enfants mais au contraire un apprentissage du respect mutuel. Cette méthode pédagogique prouve que, quand on pose des buts concrets qui correspondent aux besoins de l’individu et de la société, quand les enfants ont leur mot à dire pour la réalisation, on assiste à la formation d’un corps collectif cohérent avec des règles appropriées. Si je puis me le permettre, après tant d’années de travail avec des enfants, je ferai une comparaison entre les internats que j’ai connus : Public-schools britanniques ou institutions kibboutziques, et l’orphelinat de Janusz Korczak. Partout, j’ai retrouvé un élément commun d’importance : la volonté de libérer l’enfant de la lutte pour sa survie économique, afin de créer une république des jeunes, où l’enfant peut grandir de façon évolutive et heureuse. [ ] Critères moraux défendus par une Constitution élaborée par tous, enfants et adultes. » Joseph Arnon « La passion de Janusz KORCZAK », traduction AFJK (inédit). |
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Source
Wo was Janusz Korczak ? Joseph Arnon, brochure en anglais en deux parties, composée de l’article de l’auteur pp. 3-24 et de la reproduction de ses lettres reçues de Janusz Korczak entre le 8 octobre 1932 et le 2 août 1939 pp. 24-34, illustrée de 5 photographies d’archives, traduite de l’hébreu en anglais par Hillel Halkin, suivie d’une courte post-face de Anshel Reiss, publiée initialement par la Fédération mondiale des Juif-Polonais, par I. L. Peretz Publishing House, Tel-Aviv, Israël, 1977, publiée initialement par Midstream N.Y., mai 1973 ; réédité par la Fédération mondiale des Juif-polonais, par I. L. Peretz Publishing House, Tel-Aviv, Israël, 1977 ; traduit et publié en portugais en 2005 par l’Association Korczak du Brésil.
« La passion de Janusz KORCZAK » [dans :] Wo was Janusz Korczak ?, communication au premier colloque international sur Janusz Korczak à l'UNESCO co-organisé par l'Association française Janusz Korczak, trad. Ass. frse Janusz Korczak © AFJK, Paris (inédit).
Pour citer cet article
Arnon, Joseph : « Témoignage d'un ancien éducateur de Janusz KORCZAK » [extrait de :] « La passion de Janusz KORCZAK », traduction AFJK, inédit Association Frse J. Korczak, [en ligne sur korczak.fr]