AFJK (Association Française Janusz Korczak)
2004 - Trentenaire de l'AFJK
La journée anniversaire du 19 juin 2004
Remerciements
- À l'Institut Pierre Mendès France qui nous a accueillis,
- À Marguerite Wajdenfeld et à Jacques Dodiuk, particulièrement,
- Et à B. Chomski, Évelyne Isvy et Irène Kozlowski pour leurs témoignages
- À Bernard Blondel, à La Bande-son et aux Voix liées,
- À Nicole Kinast et au clown Marguerite Dubois,
- À Jean Louis Muller et à l'Association des jeunes de Vitry,
- À tous ceux qui nous ont adressé un message de soutien
- Aux cuisinières qui ont préparé le buffet
- Au public présent pour sa chaleureuse participation
- Et à tous ceux qui avaient bien renvoyé leur carton d'invitation !
Pour mémoire
- Le dépliant de l'invitation à la journée [PDF couleur, 120 Ko ]
Pour marquer son trentième anniversaire, l'AFJK avait organisé une journée de rencontres et d'échanges placée sous le signe de la fête. Ce fut un succès, le public a rempli la salle et la réunion a été appréciée de tous.
Après l'Assemblée générale de l'association réunie sur place, de 14 à 15 heures, le président de l'association, Bernard Jabin a ouvert la manifestation publique en évoquant l'histoire et la situation actuelle de l'AFJK, et en accueillant les invités d'honneur, les membres fondateurs de l'association et les témoins de Korczak, qui nous avaient fait la surprise de venir plus nombreux que prévus.
- Marguerite Wajdenfeld [photo] a raconté à l'assistance passionnée la génèse de la traduction et de la publication du roi Mathias Ier [notice]. Cette traduction a représenté, pour Marguerite et son mari, trois ans de labeur tous les soirs jusque tard dans la nuit après le travail de la journée. Maurice avait retrouvé le roman par hasard dans une édition polonaise chez un bouquiniste parisien, sur les quais — remémorant les souvenirs de son enfance et sa rencontre avec Korczak alors qu'il était apprenti coiffeur. Avec l'accord de sa femme, il s'était immédiatement lancé dans ce projet de traduction, dans le seul but d'en faire profiter à leur tour les jeunes français. Le livre, qui décrit abondamment les premières manifestations d'enfants réclamant plus de considération et de liberté, est sorti un an avant la révolution (ratée) de 1968. Dix ans plus tard, le couple entreprenait avec la même conviction la traduction de la suite du roman, Le roi Mathias sur une île déserte. [Nous raconterons ultérieurement l'histoire extraordinaire de Maurice Wajdenfeld].
- Jacques Dodiuk [photo], pupille de Korczak de 7 à 14 ans, a une nouvelle fois séduit le public avec son plaisir à évoquer ses souvenirs et à retrouver de nouvelles anecdotes sur son enfance de petit sauvageon régulièrement convoqué au Tribunal des enfants de la Maison des Orphelins.
- B. Chomski [photo], un vieil ami de Maurice Wajdenfeld de retour de Chine où il vivait depuis vingt ans et qui n'a encore jamais publié son témoignage. Il a pourtant bien connu Janusz Korczak en tant qu'étudiant en pédagogie, durant cinq longues années. Il avait fait à ce titre deux longs stages en tant qu'éducateur à Dom Sierot. Sa visite et son témoignage inattendus ont été un moment fort, suscitant de nombreuses questions de la salle.
- Évelyne Isvy [photo] nous a fait revivre le souvenir de sa maman, Aline Fathaud-Brésin, qui avait pour sa part entrepris de traduire à compte d'auteur les deux tomes des Colonies de vacances [notice] de Korczak dès 1970, et qui avait naturellement participé à la fondation de l'association en 1974, où elle est restée très impliquée jusqu'à la fin de sa vie.
- Irène Kozlowski [au centre de la photo] a vécu dans son enfance une expérience extraordinaire : après la deuxième guerre mondiale, en 1945, venant de France, elle a été accueillie à Varsovie à Nasz Dom ou elle est restée longtemps pensionnaire "Je me suis mêlée aux orphelins de guerre et j'ai partagé avec eux, l'existence au quotidien. Bâtir chaque jour qui se lève dans l'esprit de la pédagogie Korczak qui planait à l'époque…" Refusant de monter à la table des intervenants, c'est de la salle qu'elle a témoignée de son expérience de la vie à Nasz Dom après la guerre.
Le dernier témoignage fut aussi l'un des tout premiers par l'originalité, la délicatesse et l'humour de ses messages parodiques et bienveillants. Notre amie le clown Marguerite Dubois [photo], a touché juste avec deux formidables interventions, portant l'une sur le thème de la fragilité financière de l'association « Trente ans de déficit et toujours debout ? », l'autre sur la korczakologie (!) « Nous sommes tous des anciens enfants ! ». Des interventions improvisées, à chaque fois inspirées de ce qui s'entendait, fondées sur sa pratique de la clownanalyse [un site à visiter].
La réunion a été rythmée, entre les interventions et les débats, par la prestation d'une double chorale populaire parisienne constituée pour l'événement : La bande-son et Les voix liées [photo] Sous la direction inspirée de Bernard Blondel, ses membres nous ont donné une magnifique interprétation de chansons célèbres. Parmi elles, deux spécialement choisies et apprises pour notre anniversaire : une chanson polonaise « Ulani, Ulani » (Uhlans, nom des cavaliers polonais, si courageux et tant aimés) et une chanson en hébreu « Schalom, Schalom ».
Dans le cadre de nos études korczakiennes, nous avons ensuite reçu et entendu Jean-Louis Muller [photo], le Président de l'Association des Amis du Centre Familial des Jeunes de Vitry qui vient de produire un excellent documentaire sur un établissement éducatif exemplaire, intitulé « Mémoire de Sauvageons ». Jean-Louis Muller s'est attaché faire le lien dans sa conférence entre le legs de Korczak, l'histoire du Foyer de Vitry et le problème de conscience des professionnels de l'éducation d'aujourd'hui, qui sont en 2004, à leur tour confrontés à la nécessité de résister à l'idéologie à nouveau dominante de l'exclusion, de la sélection et du pouvoir autoritaire sur les enfants.
L''AFJK, se réjouissant de l'initiaitve de l'AACFJV de produire ce documentaire sur l'histoire du Foyer de Vitry, a décidé de soutenir sa diffusion dans les milieux socio-éducatifs et de le proposer comme document de travail lors de ses échanges avec les éducateurs korczakiens actifs en Allemagne et en Pologne.
De l'histoire et de l'évolution de l'association, évoquées tout au long de la journée, c'est surtout l'implication, le dévouement, le désintéressement du petit comité korczakien français, sa tranquille détermination et sa franche solitude qui furent soulignées, d'autant qu'il n'a pratiquement jamais bénéficié d'aucune aide ni subvention (hormis celle, en 1989 et 1990 du… F.A.S national, le Fonds d'action des travailleurs immigrés !). Mais c'est précisément une caractéristique de l'ensemble du mouvement Korczak international, dont la très grande majorité des trente associations membres qui le compose sont nées de la rencontre entre des témoins et des praticiens de l'éducation, de tous horizons et sensibilités, et restent pour la grande majorité d'entre elles très démunies, sans ressources (n'ayant rien à vendre), et sans financements (qui connaît et qui peut s'intéresser aux valeurs éducatives prônées par Janusz Korczak ?).
C'est dans ce registre de l'implication désintéressée, qu'un hommage particulier a été rendu à Madame Hélène Lecalot, présidente de l'association française pendant plus de dix ans (1979-1990), dont l'action persévérante a eu un grand impact tant en France qu'à l'étranger. Le devoir de mémoire l'animait, son engagement était total. Elle a obtenu des résultats tout en étant très peu aidée. Elle a eu beaucoup de mérite, dont celui d'avoir pu nous transmettre l'envie de persévérer.
[Nous aimerions évoquer prochainement son histoire. Un article du bulletin n° 17 de l'association rappelle les noms des douze membres fondateurs de l'Assemblée constituante, et des (nombreux) présidents qui lui ont succédé, mais l'histoire de l'association française, longtemps incarnée par Madame Lecalot, reste à écrire].
Les autres temps forts de la manifestation furent :
- La présentation et l'inauguration du nouveau site Internet consacré au Roi Mathias [https://roi-mahias.fr] et à la publication en ligne de l'ouvrage, au cours de l'Assemblée générale, suivie de la décision de poursuivre la publication des ouvrages de Korczak épuisés ou inédits (quatre autres titres sont déjà prévus).
- La grande exposition de l'association sur Janusz Korczak bien installée grande exposition de l'association sur Janusz Korczak bien installée sur les meubles de la grande salle d'études de l'Institut Pierre Mendès France.
- Le vin d'honneur (de la vodka !) et le buffet constitué de nombreux gâteaux et de plats maison, tous faits main, ont été appréciés.
- Une table de presse a permis de présenter et de diffuser, tracts, ouvrages et publications, tant de l'AFJK que de nos hôtes et invités.
Il faut signaler aussi que nous avons reçu à l'association un courrier important et chaleureux pour ce trentenaire, tant de nos membres et de nos partenaires français que de collègues à l'étranger (Angleterre, Allemagne, Pays-Bas, surtout).
En mêlant les rencontres et les témoignages des anciens, les débats et les interventions festives, dans une ambiance chaleureuse, cette réunion exceptionnelle laisse à ses participants un souvenir très agréable.
Nous sommes très reconnaissants à l'Institut Pierre Mendès France de nous avoir accueillis dans son cadre institutionnel prestigieux dans les jardins du Collège de France.
Dans la salle d'études, les accents du célèbre MESSAGE A LA JEUNESSE du grand homme d'État français, prononcé le 22 décembre 1955 à la télévision, semblaient prolonger en écho le message de responsabilité, d'éthique et de respect de tous les enfants incarné jusqu'à la mort par le Vieux docteur de Varsovie.
Un message que, vu l'état du monde et la lenteur de l'évolution des mentalités, notre association et le mouvement Korczak international continueront encore longtemps de relayer.