Association Française Janusz Korczak (AFJK)
Maly Przeglad (la « Petite revue »)
« Ce que m’a apporté la Petite revue »
Les propos cités ci-dessous doivent être resitués dans le contexte historique et social d’un pays qui n’avait recouvré son indépendance que depuis 10 ans, après 120 ans d’occupation militaire par ses trois puissants voisins, où les questions de l’identité nationale et les clivages très actifs entre les différentes communautés étaient inscrits dans la culture et entretenus par la religion.
À l’époque, il était impossible même aux progressistes dont était Korczak d’éduquer ensemble des enfants Juifs et « Polonais », bien que tous évidemment étaient polonais au sens où nous le comprenons ici aujourd’hui.
Dans les années vingt tous les espoirs étaient encore possibles. L'antisémitisme sévissait mais l’État protégeait les minorités par une loi qui sera abolie en 1935.
Cet article témoigne du rôle pédagogique de la Petite revue de Korczak pour lutter contre les clivages entre les enfants Juifs et les enfants Polonais (non-juifs) à l’époque de la montée de l’antisémitisme (et du nazisme en Allemagne). Pour être clair, l'extrait ci-dessous pourrait facilement être lu comme le témoignage d’un jeune blanc intégré dans un groupe d’enfants immigrés (ou l’inverse), ou comme celui d’un petit israélien ayant travaillé avec des enfants palestiniens, ou l’inverse
[ ] l'acquis pour moi le plus important a été le rapprochement avec la jeunesse juive, ce qui m’a permis de comprendre les problèmes qui la traversaient et de percevoir la physionomie de ses différents groupes idéologiques.
Ensuite le travail à la rédaction et mon appartenance à l’équipe de kayak de la Petite revue ont contribué à nouer et à consolider d’agréables relations de camaraderie dans un milieu nouveau pour moi.
Enfin, la collaboration elle-même, les envois en mission par la rédaction dans les villes de province, les soirées de discussions des correspondants et l’influence de l’atelier littéraire
Tout cela élargissait mon horizon, m’invitait à la vigilance sur moi et dans la vie. J’ai l’impression d’exposer là les « heures d’éducation » les plus essentielles et les plus décisives de mes dernières années d’écolier.
B-SKI,
Varsovie, 10 octobre 1930.
Traduction pour l’AFJK par Jacek Rzewuski,
© Ass. Frse J. Korczak, Paris, 08-2000.
Notes
[1]Le jeune « B-SKI » avait volontairement masqué une partie de son nom avec le tiret (-), tout en en laissant apparaître la terminaison « SKI » qui indique clairement son origine polonaise de culture catholique.